mardi 21 mai 2013

L'abondance nuit

Etrange comportement de l'homme, mais comportement habituel : l'homme a tendance à se voiler la face sur les causes de ses problèmes lorsque celles-ci lui apportent aussi un certain confort.

Dernier exemple en date : l'abondance.
Les progrès permettent aujourd'hui de mettre à disposition de tout le monde une ultra-abondance d'informations et de possibilités.
L'information est apportée par la technologie, internet, le portable... inutile de m'étendre dessus.
Les possibilités sont apportées par les transports (tout est à portée de main : que le monde vienne à nous ou que nous allions vers lui, le résultat est le même), la richesse et le temps libre (on travaille moins qu'il y a 50 ans et on vit beaucoup plus longtemps).

Personne ne s'est demandé si nous sommes comme les animaux : incapables de faire face à l'abondance (souvenez vous des pancartes des zoo : ne pas nourrir les animaux : ils ne savent pas s'arrêter...). Du coup, la tendance naturelle, plutôt que de limiter les possibilités (impossible de demander au visiteur de notre zoo de nous imposer cette austérité...) nous nous plaignons de manquer de temps alors qu'il paraît évident que le temps n'est pas malléable : une journée fera toujours 24 heures. Résultat : nous survolons nos activités et papillonnons de l'une à l'autre.

Nous sommes à ce jour incapable de profiter de cette abondance, et nous ne l'avons pas encore apprivoisée (tout progrès doit être apprivoisé pour être réellement utile...).

Nous sommes comme les rats de laboratoire dans l'expérience de la cafétéria : si on leur propose un menu unique, ils savent gérer et s'arrêtent de manger lorsqu'ils n'ont plus faim. Lorsque nous leur proposons de la nourriture en abondance et variée, ils ne savent pas s'arrêter et terminent obèses et malades. Et comme ces rats, nous sommes heureux d'être malades...

Ce temps qui manque est aussi une des dernières choses devant laquelle nous sommes tous égaux : la journée dure 24 heures pour tout le monde, riches, pauvres, vieux ou jeunes. La différence tient à ce qu'on en fait. Les progrès et la mondialisation visent à mettre à disposition du plus grand nombre les mêmes activités, les mêmes richesses... ceci pousse les riches vers des choses de plus en plus extrêmes pour se distinguer de la masse, leur prochaine conquête sera peut être le temps (cf Time Out, le film...)

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